Les technologies blockchain et les cryptoactifs ouvrent la voie d’un nouveau web : le web décentralisé (web3). En son cœur figure une notion phare, le token, dont il est essentiel de comprendre dès à présent les principes, les usages et les implications. Ce web décentralisé et l’émergence de la « token économie » constituent une opportunité inédite pour la France et l’Europe, qui peuvent devenir leader de cette révolution, à condition d’agir sans attendre.
Les 8 points à retenir
- Jamais la centralisation du web n’a été aussi forte, au profit d’acteurs dont la surpuissance pose problème pour l’innovation elle-même. Le web décentralisé, fondé sur les technologies blockchain, permet un retour de balancier après des années de centralisation où les GAFA se sont emparés du contrôle d’Internet.
- A l’inverse du web actuel, les créateurs d’une plateforme décentralisée n’ont pas de pouvoir unilatéral sur les actions de leurs utilisateurs (censure de contenus, etc.) ou sur le fonctionnement de la plateforme une fois lancée (capacité à changer les règles du jeu de façon unilatérale, etc). En outre, alors que les leaders du web actuel contrôlent eux-mêmes les données de leurs utilisateurs, cette logique se renverse dans le web décentralisé : l’internaute est en mesure de se réapproprier le contrôle de ses données, et, au-delà, de son identité numérique.
- Les blockchains permettent par ailleurs de lever un obstacle jusqu’ici insurmonté : pouvoir transférer sur Internet de la valeur rare en pair à pair. Cette valeur est représentée par la notion de token : un actif numérique émis et échangeable sans duplication sur une blockchain, sans nécessiter d’autorité centrale.
- Les tokens sont au cœur de la nouvelle économie numérique qui s’ouvre. Ils permettent de faire fonctionner des applications décentralisées, et rendent possible de nouvelles stratégies, de nouveaux modèles d’affaires et un partage de la valeur mieux distribué – de là l’émergence de la « token économie », qui fera émerger de nouveaux acteurs et de nouveaux champions.
- Internet a permis de décentraliser l’information, en permettant à chacun de publier et d’échanger instantanément toute information auprès du monde entier, sans besoin d’autorisation préalable. La blockchain et les tokens permettent de décentraliser la valeur, en offrant à chacun un nouveau pouvoir : créer et échanger de la valeur instantanément auprès de tout autre internaute, sans nécessiter ni tiers ni permission.
- Les mécanismes des tokens permettent d’envisager des usages allant au-delà du seul web. Les actifs financiers et immobiliers peuvent ainsi être « tokenisables », c’est-à-dire digitalisables pour créer des fractions de propriété et effectuer des transferts de propriété quasi-instantanés. La digitalisation des actifs sous forme de tokens constitue le pendant de la digitalisation de l’information rendue possible par Internet. Les entreprises elles-mêmes peuvent se saisir de cette opportunité en « tokenisant » certaines de leurs activités.
- Le web décentralisé et les tokens représentent une chance inouïe pour la France et l’Europe, qui luttent pour combler leur retard dans l’économie numérique actuelle, et ce d’autant plus que les valeurs de ce nouveau web sont alignées avec celles portées par la France et l’Europe (que ce soit en termes de privacy, de répartition de la valeur créée, ou de juste concurrence dans l’innovation.
- La France dispose d’atouts sérieux pour devenir l’un des pôles de référence en la matière, mais est en train de perdre la bataille d’attractivité. Trois orientations, déclinées en 15 propositions présentées dans le rapport, permettraient aux pouvoirs publics de renverser la situation : faire émerger des talents à l’intérieur du pays, retenir nos talents déjà formés, et attirer les talents étrangers. Les autres puissances ne nous attendent pas. Or l’histoire du web montre que les premiers temps sont absolument cruciaux pour espérer devenir leader dans l’économie numérique de demain…