DEFENDRE NOTRE EXCEPTION EDUCATIVE A L'ERE NUMERIQUE
06/12/2019
L’école française est plus inégalitaire que dans la plupart des pays développés et le numérique ne permettra pas de résoudre tous ces problèmes, pas plus que le solutionnisme numérique proposé par les plateformes américaines ou chinoises. Néanmoins, l’impact systémique du numérique sur la société doit pousser l’Education nationale à sortir de son immobilité, à amorcer une mutabilité pérenne de l’institution scolaire.
A cet effet, la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’Ecole de la République a instauré la création d’un service public du numérique éducatif (section 5 – article 16). Cette volonté du législateur de faire du numérique éducatif un service public à part entier semblait répondre à deux enjeux fondamentaux pour accompagner l’adaptation du système scolaire français à notre époque. D’une part, former les citoyens et les futurs adultes au numérique, dans une société qui l’a intégré à tous les niveaux, et favoriser la réussite des élèves, d’autre part, grâce à une transformation intelligente des méthodes d’enseignement, des apprentissages et de l’évaluation, en ayant recours au numérique.
Cette ambition affichée de créer un service public dédié dans le cadre du service public de l’enseignement n’a pourtant pas été accompagnée d’une stratégie de long terme. Le dernier rapport de la Cour des comptes le souligne très justement : « Pour être à la hauteur de ce choix politique ambitieux, l’Etat aurait dû élaborer une stratégie fondée sur une analyse rigoureuse de l’existant et des besoins à pourvoir, dans une logique d’harmonisation des équipements, services et offres numériques pour les élèves selon les strates d’enseignement. Il aurait dû surtout se centrer sur les responsabilités qu’il porte en propre, au premier rang desquelles la transformation pédagogique attendue et la formation des enseignants qui doit l’accompagner. ». Parmi les constats que dresse ce rapport, l’échec des différents plans d’équipements met principalement en lumière l’absence de vision s’agissant du numérique éducatif.
L’objet de la nouvelle publication du think-tank Digital New Deal n’est pas de faire une ode à l’éducation par le numérique, ou d’enjoindre, à tout prix, à la transformation des systèmes d’apprentissage et de formation par le numérique. Son propos vise à replacer l’éducation au centre du débat public pour qu’elle s’adapte à l’ère numérique, à penser une politique éducative contemporaine qui s’inscrit au-delà des jeux électoraux, et à l’importance de maîtriser nous-mêmes la conduite de ces politiques innovantes, tout particulièrement lorsqu’elles ont trait au numérique.
A mesure que l’école ouvre ses portes aux équipements (hardware) mais également aux logiciels d’accompagnement scolaire (software) d’acteurs privés étrangers, la France renonce aux valeurs humanistes qui font sa spécificité. Également, elle échoue à mettre en valeur les entreprises qui se créent, se développent et offrent des alternatives sur notre territoire même. En agissant ainsi, l’école s’expose à des risques majeurs, au rang desquels l’imposition d’un langage numérique et le risque de captation des données scolaires apparaissent comme les plus inquiétants. Notre singularité culturelle, faite d’esprit critique et d’indépendance d’esprit, se retrouve menacée, aujourd’hui davantage, par l’utilitarisme et le matérialisme des solutions déployées par les GAFA et autres BATX.
La dernière publication de Marie-Christine Levet pour le think-tank Digital New Deal, Préserver notre souveraineté éducative : soutenir l’EdTech française, se fait le porte-voix des passionné-e-s d’éducation, de pédagogie et d’apprentissage. Celles et ceux qui au quotidien, par les offres éducatives innovantes qu’ils conçoivent et déploient, mettent tout en œuvre pour permettre à nos enfants d’appréhender sereinement les changements auxquels ils feront bientôt face.
ÉDITO
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